Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/273

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— Allons donc !... tu ne feras pas ça ?...

— Et pourquoi ?...

— Parce que ce serait de la folie !...

— Mais non, grand’mère... ce sera de la sagesse, au contraire... si je ne l’épousais pas, jamais plus, de toute ma vie, je n’aurais un instant de tranquillité...

— Parce que ?...

— Parce que je l’ai vu profondément, horriblement malheureux...

— Évidemment... mais ça passera !...

— Non... ça ne passerait pas !... et, je vous l’ai dit, j’aime M. de Clagny plus que je n’ai jamais aimé personne... excepté vous... alors, la pensée de le savoir malheureux par moi... et peut-être un peu par ma faute... me serait odieuse... et me rendrait malheureuse... beaucoup plus encore que lui...

— Mais tu le serais bien davantage, si tu l’épousais ! ... Écoute, mon Bijou, tu ne sais rien de la vie... ni du mariage... j’ai eu le tort peut-être de t’élever trop rigidement... de te laisser lire et entendre trop peu de chose... il est des devoirs, des obligations que le mariage impose, et que tu ignores... et ces devoirs, il faut que tu les connaisses avant de te lancer dans la terrible, aventure où tu veux courir...

— Non... — fit Bijou en arrêtant d’un geste madame de Bracieux qui voulait parler, — ne me dites rien, grand’mère... je n’ignore ni les responsabilités que j’accepte, ni les devoirs que