Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/274

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je devrai remplir... et je suis décidée... décidée irrévocablement à devenir la femme de M. de Clagny que j’aime tendrement...

Et comme la marquise faisait un mouvement pour protester, elle appuya :

— Oui, tendrement... et la preuve, c’est que la pensée de l’épouser ne m’effraie pas... tandis que l’idée d’épouser les autres me causait une sorte de répulsion...

Elle s’agenouilla devant la marquise :

— Dites que vous consentez, grand’mère ?... dites-le, je vous en prie ?...

— Tu as bientôt vingt-deux ans... je ne peux pas te gouverner comme une petite fille... donc, je consens... mais sans enthousiasme, je te le promets !... et je te supplie de réfléchir encore, mon Bijou ?... tu vas, poussée par ton bon cœur, par ton exquise pitié, faire une irréparable bêtise...

— Je n’ai plus besoin de réfléchir... je n’ai fait que ça depms hier... et je sais que là seulement je trouverai le bonheur, ou, du moins, ce qui y ressemble le plus... Ne dites rien à personne, n’est-ce pas, grand’mère ?...

— Ah !... Seigneur !... tu peux être tranquille !... si tu crois que je suis pressée d’aller apprendre ce mariage-là !... de contempler les mines effarées et ahuries des uns et des autres, tu te trompes, ma chérie !...

— Ne dites surtout rien à M. de Clagny... je me réjouis tant de lui parler ce soir !...

— Mais il m’a dit qu’il ne viendrait pas !...