Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/62

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Il ajouta avec un sourire infiniment triste :

— Et il y a beaucoup de pauvres diables comme moi qui sont dans le même cas !…

— Oh !… — dit Bijou, qui saisit d’un mouvement brusque la main du professeur, — que je vous demande pardon !… comme je suis mauvaise et étourdie, n’est-ce pas ?… vous allez me détester ?…

Elle lui serrait la main d’une lente pression qui le pénétrait tout entier. Affolé, il balbutia :

— Vous détester ?… mais je vous adore !… je vous adore !…

Bijou le regarda, l’air effaré, avec une tendre expression au fond de ses yeux voilés d’un brouillard de larmes, puis elle dit, la voix changée :

— Allez-vous-en !… et ne dites plus ça !… ne le dites plus jamais, jamais !…

Au seuil de la porte, il se retourna et vit que Bijou, assise sur le divan, sanglotait le visage enfoui dans les coussins. Il voulut revenir vers elle, mais il n’osa pas ; et, sans plus rien dire, il sortit.