Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/64

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Il se tourna vers Bijou :

— C’est vrai, va !… il était aussi étonné que moi, M. Giraud !… il répétait tout le temps : « Chaque jour on voit mademoiselle Denyse courir partout… il faut qu’elle soit malade !… » Alors moi, je disais : « Oh ! pour ça non !… ça ne doit pas être ça !… le Bijou n’est jamais malade !… » Voyez-vous, monsieur Giraud, que j’avais raison ?…

— Non… tu avais tort !… j’étais… non pas tout à fait malade… mais fatiguée… mal en train… je viens de me lever…

Elle marcha vers le professeur, qui s’appuyait au chambranle d’une fenêtre, si fort qu’il semblait s’y vouloir creuser une niche avec son dos, et, lui tendant la main, elle continua :

— Et je remercie monsieur Giraud d’avoir si gentiment pensé à moi…

Tout pâle, visiblement troublé, le jeune homme osa toucher à peine la petite main douce qui se posait dans la sienne avec confiance et abandon ; mais il parut heureux d’un bon accueil qu’il n’espérait certainement plus retrouver jamais.

— Mademoiselle… — balbutia-t-il, pris d’une vague envie de s’enfuir ou de pleurer, — mademoiselle… je ne me suis pas permis, croyez-le, de… faire ces remarques.

— Eh bien, vous avez eu tort !… il faut tout se permettre avec « le Bijou »… comme dit Pierrot…

Et, tout de suite elle demanda, subitement préoccupée, l’air absorbé :

— Est-ce qu’on a travaillé à la revue, ce matin.