Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/74

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— Tiens !… comme tu n’y étais pas, ils n’ont pas fait long feu au salon, les cousins !…

Denyse allait au-devant d’eux ; il la retint brusquement :

— Non !… je t’en prie !… ils ne décolleront plus !… et je ne t’aurai pas à moi tout seul ! c’est une telle veine que j’ai d’être avec toi un instant sans monsieur Giraud !… il est toujours à me marcher sur les talons… quand je vais de ton côté, surtout !…

Bijou regardait attentivement les deux hommes qui venaient à elle sans la voir, très absorbés. Et, entre ses paupières un peu lourdes, glissait cette petite lueur qui donnait parfois une si singulière acuité à son regard habituellement voilé. Elle répondit, en entrant dans l’écurie :

— Soit !… allons sans eux porter à Patatras son herbe…

M. de Rueille marchait les yeux fixés sur le sable de l’allée. Il leva la tête en entendant la porte qui s’ouvrait. Jean de Blaye indiqua l’écurie et dit :

— Tiens !… il est là, le motif de la gêne que je sens à présent dans tes moindres paroles, de l’espèce de petite animosité que tu as contre moi ?…

Affectant de plaisanter, Rueille répondit :

— Vraiment ?… et c’est ?…

— Bijou, parbleu !… Ah !… ne me dis pas non !… crois-tu que je n’ai pas suivi heure par heure ce qui se passait en toi ?…

— Ça devait être bien intéressant ?…

— Ne blague donc pas !… tu n’en as guère envie !…