Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/75

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

j’ai vu le moment tu as commencé à admirer inconsciemment Bijou… plus qu’on n’admire une bonne petite cousine qu’on aime bien… c’était le soir du Grand Prix… chez l’oncle Alexis… quand elle a chanté… Tu ne dis rien ?…

— Je t’écoute… va toujours !…

— Quand nous nous sommes trouvés tous ensemble à Bracieux, ne nous quittant pas… quand tu as vécu toutes les minutes des longues journées à côté de Bijou, ton… disons ton admiration… a augmenté, naturellement… depuis hier, depuis votre voyage à Pont-sur-Loire, elle est à l’état aigu… est-ce vrai ?…

— Eh bien, c’est vrai !…

— Ça ne m’étonne pas !… mais explique-moi une chose ?… une chose qui m’étonne, celle-là !…

— Quelle est cette chose ?…

— Pourquoi est-ce à moi que tu sembles en vouloir particulièrement ?… pourquoi à moi plutôt qu’à ton beau-frère, ou au petit La Balue, ou au répétiteur de Pierrot, ou à Pierrot lui-même ?…

— Dame ! Henry est presque de l’âge de Bijou… il a été élevé avec elle, et elle le considère comme un frère, exactement… le petit La Balue est un grotesque… le répétiteur, un pauvre diable qui ne compte pas… et Pierrot, un gosse… tandis que toi…

— Tandis que moi ?…

— Toi, tu es de ceux qu’on aime… et tu le sais bien… et je vois… je sens, je devine que c’est toi que Bijou aimera…

— Moi ?… allons donc !… elle ne daigne pas