Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/80

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Comment le savez-vous ?…

Denyse venait de sauter de la corbeille dans l’allée. Elle dit, heureuse et abandonnée, sans répondre directement à la question :

— Oh !… que grand’mère va être contente de vous voir, monsieur !… et l’oncle Alexis, donc !… depuis qu’on sait que vous revenez habiter le pays, on ne parle que de vous !… Allons bien vite voir grand’mère !…

Elle fila devant lui, souple, onduleuse, traversant les larges pièces de cette allure glissante qui était un de ses grands charmes. La marquise n’était pas dans le salon où elle se tenait habituellement. Bijou sonna et donna l’ordre de l’avertir. Puis elle vint se camper en face de M. de Clagny, et, l’examinant avec attention :

— Paul de Rueille avait tout de même raison, quand il disait que je vous avais vu dans le temps ! je vous reconnais !…

Elle enfonça plus avant son regard clair dans les yeux du comte, et répéta, pensive :

— Je vous reconnais très bien !…

Il dit :

— Moi, j’avoue en toute sincérité que si je vous avais rencontrée ailleurs qu’à Bracieux, je ne vous aurais pas reconnue… vous êtes tellement grandie, et surtout tellement embellie que, sauf les beaux yeux de pervenche qui n’ont pas changé, il ne reste rien du bébé d’autrefois…

— Il reste le nom que vous lui avez donné…

Il demanda, surpris :