Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/87

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l’horrible chaleur, et ses grands yeux changeants posés sur lui très doucement. Elle dit, avec un peu d’embarras :

— Oui… certainement, j’avais à parler à Pierrot… mais à lui-même… bien que j’aie à lui parler d’une chose qui vous concerne… il vaut mieux…

Giraud interrompit, l’air inquiet :

— Qui me concerne ?… moi ?… mais je ne sais en vérité… je me demande ce…

L’idée lui venait que peut-être elle allait lui dire qu’après ce qui s’était passé l’avant-veille, il ne pouvait pas demeurer à Bracieux plus longtemps. Et il s’affolait en pensant que non seulement il lui faudrait quitter Bijou, mais encore être sans place pendant ces deux mois où il croyait sa vie assurée et facile.

La jeune fille le regardait, souriante et bonne. À la fin, elle répondit :

— C’est que c’est assez difficile à dire… à l’intéressé…

— Mais alors… Pierrot…

— Oh !… Pierrot, qui n’est pas, je le reconnais, un habile diplomate, aurait su tout de même s’y prendre mieux que moi pour vous annoncer…

— Pour m’annoncer ?

— Que vous dînez avec nous ce soir !… la migraine, voyez-vous, c’est une excuse bonne pour les femmes… tout au plus !…

— Mais, mademoiselle… sans penser même à l’ennui… très grand pourtant… que j’aurais de