Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/90

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l’effort de la pensée, se les rappeler… mais on les aime…

Sa voix faite de caresses bouleversait le jeune homme. Il s’était machinalement rassis à la place qu’il venait de quitter, et, sans répondre, le visage levé vers Bijou, il pleurait.

Elle s’approcha et dit, suppliante :

— Vous pleurez ?… si vous saviez quel chagrin j’ai de vous voir pleurer !…

Presque brusque, elle conclut :

— Et, si ça peut vous consoler, dites-vous que j’en ai aussi, du chagrin…

Il demanda, ébloui de bonheur :

— Est-ce possible ?…

Denyse ne répondit pas. Elle venait d’apercevoir sur la table, une lettre que Giraud achevait au moment où elle entrait.

Il dit, suivant son regard :

— J’écrivais à mon frère… et, au lieu de lui raconter mon élève, mes occupations, et tout ce à quoi doit se borner ma vie… je ne lui parlais que de vous !…

Elle répondit, posant son doigt rosé sur la signature :

— Je regardais votre nom… Fred !… c’est un nom que j’aime !… je l’ai donné à mon filleul… le dernier des enfants de Bertrade…

Elle sembla regarder au loin par la fenêtre ouverte, et répéta doucement :

— Fred !…

Puis, elle passa sur son front sa main fine, et dit, marchant vers la porte :