Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/98

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Elle dit en riant :

— Je vous intimide, peut-être ?…

Très sérieux, il répondit :

— Beaucoup !…

— Oh ! — fit-elle stupéfaite, — est-ce possible ?…

— C’est très possible… et cela est !… rien d’étonnant, puisque vous intimidez un vieux comme moi, à ce que vous intimidiez le petit Hubert…

— Le petit Hubert ?… il a six pieds !…

— Oui… mais il a vingt-six ans… et pour moi il est toujours le petit Hubert… Enfin ! convenez au moins qu’il est joli garçon ?…

— Je ne sais pas !…

— Allez-vous me dire que vous ne l’avez pas regardé ?…

— Je l’ai regardé… mais, en ce qui concerne M. de Bernès, je suis très mauvais juge…

— Pourquoi ça ?…

— Parce que je déteste les petits jeunes gens !…

— À vingt-six ans on n’est pas un petit jeune homme ?…

— C’est possible !… mais à cet âge-là on n’existe pas pour moi…

— Ah bah !… et à quel âge commence-t-on à exister pour vous ?…

Elle se mit à rire.

— Très tard !…

Puis, changeant de ton :

— Je suis contente que vous connaissiez M. de Bernès, parce que, au moins, vous ne vous assommerez pas trop ce soir…