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AVERTISSEMENT


Ce livre est une préface. Je devais publier d’abord une étude plus approfondie sur la Rochefoucauld et son temps. Le temps et l’homme, je croyais les connaître ; mais les auteurs classiques, s’ils ouvrent toute grande leur œuvre à qui sait lire, livrent plus difficilement les secrets de leur vie. Une partie de la vie de la Rochefoucauld est en pleine lumière, l’autre demeurera toujours peut-être dans la pénombre. L’homme d’action, qui ne se croit le droit de le juger ? L’homme de pensée, qui l’a pénétré ? Les réquisitoires de Victor Cousin et les formules des philosophes optimistes tranchent la difficulté sans la résoudre. Sur l’origine des Maximes, sur leur portée philosophique et religieuse, je ne puis faire ici la lumière comme je le voudrais, trop heureux si je dispose le lecteur à ne pas se contenter d’hypothèses spécieuses ou d’arrêts dogmatiques.

Réduire les Maximes aux proportions d’un jeu de société, c’est en méconnaître le caractère évidemment original ; c’est oublier aussi qu’avant d’écrire des Maximes, la Rochefoucauld avait écrit des Mémoires.