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d’action à la fois et d’un homme de société, les Maximes apparaissent dans la troisième partie sous leur vrai jour.

Je mets cet essai sous la protection d’une mémoire vénérée, celle d’Ernest Bersot. Ce stoïcien sans raideur préférait les moralistes qui se font une haute idée de la nature humaine, mais ne se sentait pas obligé de jeter l’anathème à ceux que leur vie ou leur nature a inclinés vers le pessimisme. Il n’était point amer, mais il était clairvoyant. Je me souviens qu’il m’entretint longuement des Maximes au lendemain d’une opération cruelle qui avait laissé intactes sa liberté d’esprit et sa sérénité. Longtemps après, dans une lettre d’août 1878, il me demandait pourquoi, « aimant les portraits vrais », je n’essayerais pas d’esquisser celui de la Rochefoucauld. Un peu tardivement, j’obéis à son affectueuse invitation. On comprendra pourquoi j’évoque ici son souvenir : si les affirmations des Maximes peuvent être réfutées, ce n’est pas, je le crains, par des affirmations contraires, c’est par l’exemple des sages qui ont usé leurs forces dans l’accomplissement de quelque œuvre désintéressée.