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VIII


Un matin d’octobre, Maria vit en se levant la première neige descendre du ciel en innombrables flocons paresseux. Le sol était blanc, les arbres poudrés, et il semblait bien que l’automne fût déjà fini, au temps où il ne fait que commencer ailleurs.

Mais Edwige Légaré prononça d’un air sentencieux :

— Après la première neige on a encore un mois avant l’hivernement. J’ai toujours entendu les vieux dire ça, et je pense de même.

Il avait raison, car deux jours plus tard une pluie fit fondre la neige et la terre brune se montra de nouveau. Pourtant l’avertissement n’avait pas été perdu et les préparatifs commencèrent : les préparatifs annuels de défense contre les grands froids et la neige définitive.

Avec de la terre et du sable Esdras et Da’Bé renchaussèrent soigneusement la maison, formant un remblai au pied des murs ; les autres hommes s’armèrent de marteaux et de clous et firent aussi le tour de la maison, consolidant, bouchant les trous, réparant de leur mieux les