Page:Hémon - Maria Chapdelaine, 1916.djvu/131

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dommages de l’année. De l’intérieur, les femmes poussèrent des chiffons dans les interstices, collèrent sur le lambris intérieur, du côté du nord-ouest, de vieux journaux rapportés des villages et soigneusement gardés, promenèrent leurs mains dans tous les angles à la recherche des courants d’air.

Cela fait, il restait encore à ramasser la provision de bois de l’hiver. De l’autre côté de la clôture des champs, à la lisière de la forêt, les chicots secs abondaient encore. Esdras et Légaré prirent leur hache et bûchèrent pendant trois jours ; puis les troncs furent mis en tas, pour attendre qu’une nouvelle chute de neige permît de les charger sur le grand traîneau à bois.

Tout au long d’octobre les jours de gel et les jours de pluie alternèrent, cependant que la forêt devenait d’une beauté miraculeuse. À cinq cents pas de la maison des Chapdelaine la berge de la rivière Péribonka descendait à pic vers l’eau rapide et les blocs de pierre qui précédaient la chute, et de l’autre côté du courant la berge opposée montait comme un amphithéâtre de rocher en coteau, de coteau en colline, mais comme un amphithéâtre qui se prolongeait sans fin vers le nord. Du feuillage des bouleaux, des trembles, des aunes, des merisiers semés sur les pentes, octobre vint faire des taches jaunes et rouges de mille nuances.