Page:Hémon - Maria Chapdelaine, 1916.djvu/151

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

fussent la campagne et le bois qui s’illuminaient pour la venue de l’heure sacrée.

« Les mille Ave sont dits, songea Maria, mais je n’ai pas encore demandé de faveur… pas avec des mots. »

Il lui avait semblé que ce ne serait peut-être pas nécessaire ; que la divinité comprendrait sans qu’il fût besoin d’un vœu formulé par les lèvres, surtout Marie… qui avait été femme sur cette terre. Mais au dernier moment son cœur simple conçut des craintes, et elle chercha à exprimer en paroles ce qu’elle voulait demander.

François Paradis… Assurément son souhait se rapportait à François Paradis. Vous l’aviez deviné, Marie pleine de grâce ? Que pouvait-elle énoncer de ses désirs sans profanation ? Qu’il n’ait pas de misère dans le bois… Qu’il tienne ses promesses et abandonne de sacrer et de boire… Qu’il revienne au printemps…

Qu’il revienne au printemps… Elle s’arrête là, parce qu’il lui semble que lorsqu’il sera revenu, ayant tenu ses promesses, le reste de leur bonheur qui vient sera quelque chose qu’ils pourront accomplir presque seuls… presque seuls… À moins que ce ne soit sacrilège de penser ainsi…

Qu’il revienne au printemps… Songeant à ce retour, à lui, à son beau visage brûlé de soleil qui se penchera vers le sien, Maria oublie