Page:Hémon - Maria Chapdelaine, 1916.djvu/169

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malheureux, pourquoi ne l’as-tu pas relevé de la neige avec tes mains pâles ? Pourquoi, Sainte Vierge, ne l’avez-vous pas soutenu d’un geste miraculeux quand il a trébuché pour la dernière fois ? Dans toutes les légions du ciel, pourquoi ne s’est-il pas trouvé un ange pour lui montrer le chemin ?

Mais c’est la douleur qui parle ainsi avec des cris de reproche, et le cœur simple de Maria craint d’avoir été impie en l’écoutant. Bientôt une autre crainte lui vient : peut-être François Paradis n’a-t-il pas su tenir assez exactement les promesses qu’il lui avait faites. Dans les chantiers, au milieu d’hommes rudes, il a peut-être eu des moments de faiblesse, blasphémé, profané les noms saints, et il s’en est allé vers la mort en état de péché, accablé de courroux divin.

Ses parents ont dit tout à l’heure qu’ils allaient faire dire des messes. Comme ils ont été bons ! Ayant deviné son secret, comme ils ont su se taire ! Mais elle aussi peut aider de ses prières la pauvre âme en peine. Son chapelet est resté sur la table : elle le reprend, et tout naturellement ce sont les phrases de l’Ave qui montent à ses lèvres : « Je vous salue, Marie, pleine de grâce… »

Aviez-vous douté d’elle, mère du Galiléen ? Parce qu’elle vous avait huit jours auparavant suppliée par mille fois et que vous n’aviez ré-