Page:Hémon - Maria Chapdelaine, 1916.djvu/173

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le traîneau fut en plein village, précédé et suivi d’autres traîneaux qui s’en allaient aussi vers l’église.

Depuis le commencement de la nouvelle année, Maria était déjà venue trois fois entendre la messe à Saint-Henri-de-Taillon, que les gens du pays persistent à appeler la Pipe, comme aux jours héroïques des premiers colons. C’était pour elle, en même temps qu’un exercice de piété, presque la seule distraction possible, et son père s’était efforcé de la lui donner fréquemment, pensant que le spectacle rare du culte et la rencontre des quelques connaissances qu’ils avaient au village aideraient à secouer la tristesse.

Cette fois, quand la messe fut terminée, au lieu de visiter les maisons amies ils allèrent au presbytère. Celui-ci était déjà rempli de paroissiens venus de fermes éloignées, car le prêtre canadien n’est pas seulement le directeur de conscience de ses ouailles, mais aussi leur conseiller en toutes matières, l’arbitre de leurs querelles, et en vérité la seule personne différente d’eux-mêmes à laquelle ils puissent avoir recours dans le doute.

Le curé de Saint-Henri satisfit tous ses consultants, certains en quelques mots rapides, au milieu de la conversation générale à laquelle lui-même prenait part jovialement ; d’autres plus longuement, dans le secret de la pièce