Page:Hémon - Maria Chapdelaine, 1916.djvu/201

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fait qu’une petite partie de sa curiosité émue et laissé subsister presque tout le vague merveilleux du grand mirage.

Elle demeura silencieuse, pourtant, craignant de rien dire qui ressemblât à un commencement de promesse. Lorenzo la regarda longuement tout en marchant à côté d’elle sur la neige, et il ne devina rien de ce qui se passait dans son cœur.

— Vous ne voulez pas, Maria ? Vous n’avez pas d’amitié pour moi, ou bien c’est-il que vous ne pouvez pas vous décider encore ?

Comme elle ne répondait toujours pas, il s’accrocha à cette dernière supposition par peur d’un refus définitif.

— Vous n’avez pas besoin de dire oui de suite, bien sûr ! Il n’y a guère longtemps que vous me connaissez… Seulement pensez à ce que je vous ai dit. Je reviendrai, Maria. C’est un grand voyage, et qui coûte cher ; mais je reviendrai. Et si vous pensez assez, vous verrez qu’il n’y a pas un garçon dans le pays avec qui vous pourriez faire un règne comme vous ferez avec moi, parce que si vous me mariez nous vivrons comme du monde, au lieu de nous tuer à soigner des animaux et à gratter la terre dans des places désolées…

Ils rentrèrent. Lorenzo causa quelque temps du voyage qui l’attendait, des États où il allait trouver le printemps déjà venu, du travail