Page:Hémon - Maria Chapdelaine, 1916.djvu/220

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derrière lui ; la malade n’avait pas encore consenti à en prendre, mais sa résistance diminuait de force à chaque fois.

Elle en prit deux au milieu de la nuit, deux autres au matin, et pendant les heures qui suivirent tout le monde attendit avec confiance que la magie du remède opérât. Mais vers midi il fallut se rendre à l’évidence ; elle souffrait toujours autant et continuait à se plaindre. Au soir la boîte était vide, et quand la nuit tomba les gémissements de la malade remplirent la maison d’une tristesse angoissée, maintenant surtout que l’on n’avait plus de remède en quoi l’on pût espérer.

Maria se leva deux ou trois fois, émue des plaintes plus fortes ; chaque fois elle trouvait sa mère dans la même position, couchée sur le côté dans une immobilité qui semblait la faire souffrir et la raidir un peu plus d’heure en heure, et toujours se lamentant bruyamment.

— Quoi c’est, sa mère ? demandait Maria. Ça va-t-il mieux ?

— Oh ! mon Dou ! que je pâtis. Que je pâtis donc ! répondait la malade. Je peux plus grouiller, plus en tout, et ça me fait mal tout de même. Donne-moi de l’eau frette, Maria ; j’ai soif à mourir.

Maria lui donna à boire plusieurs fois, mais finit par concevoir des craintes.

— Ça n’est peut-être pas bon pour vous de