Page:Hémon - Maria Chapdelaine, 1916.djvu/230

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donné un petit remède de rien dans le fond d’une tasse et il s’en est allé coucher au village comme s’il avait gagné son argent. Il n’a rien fait que fatiguer mon cheval ; mais il n’aura pas une cent de moi, rien en tout, rien…

Eutrope secoua la tête et dit d’un air grave :

— Je n’y ai point confiance non plus, aux médecins. Si on avait pensé à aller chercher un remmancheur, comme Tit’Sèbe de Saint-Félicien…

Tous les visages se tournèrent vers lui et les larmes s’arrêtèrent.

— Tit’Sèbe, fit Maria. Vous pensez qu’il est bon pour les maladies de même ?

Eutrope et le père Chapdelaine affirmèrent leur confiance en même temps :

— Tit’Sèbe guérit le monde ; c’est sûr. Il n’a pas passé par les écoles, lui ; mais il guérit le monde.

— Vous avez bien entendu parler de Nazaire Gaudreau, qui était tombé du haut d’une bâtisse et qui s’était brisé la taille… Les médecins sont venus le voir : ils n’ont rien su lui dire que le nom latin de son mal, et puis qu’il allait mourir. Alors on a été quérir Tit’Sèbe, et il l’a guéri.

Ils connaissaient tous de réputation le rebouteux, et l’espoir renaissait.

— Tit’Sèbe est un bon homme, et qui guérit le monde. Et pas difficile pour l’argent, avec