Page:Hémon - Maria Chapdelaine, 1916.djvu/31

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Pendant ce temps les femmes avaient commencé à sortir de l’église à leur tour. Jeunes ou vieilles, jolies ou laides, elles étaient presque toutes bien vêtues en des pelisses de fourrure ou des manteaux de drap épais ; car pour cette fête unique de leur vie qu’était la messe du dimanche elles avaient abandonné leurs blouses de grosse toile et les jupons en laine du pays, et un étranger se fût étonné de les trouver presque élégantes au cœur de ce pays sauvage, si typiquement françaises parmi les grands bois désolés et la neige, et aussi bien mises à coup sûr, ces paysannes, que la plupart des jeunes bourgeoises des provinces de France.

Cléophas Pesant attendit Louisa Tremblay, qui était seule, et ils s’en allèrent ensemble vers les maisons, le long du trottoir de planches. D’autres se contentèrent d’échanger avec les jeunes filles, au passage, des propos plaisants, les tutoyant du tutoiement facile du pays de Québec, et aussi parce qu’ils avaient presque tous grandi ensemble.

Pite Gaudreau, les yeux tournés vers la porte de l’église, annonça :

— Maria Chapdelaine est revenue de sa promenade à Saint-Prime, et voilà le père Chapdelaine qui est venu la chercher.

Ils étaient plusieurs au village pour qui ces Chapdelaine étaient presque des étrangers.