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III


Trois jours plus tard Maria entendit en ouvrant la porte au matin un son qui la figea quelques instants sur place, immobile, prêtant l’oreille. C’était un mugissement lointain et continu, le tonnerre des grandes chutes qui étaient restées glacées et muettes tout l’hiver.

— La glace descend, dit-elle en rentrant. On entend les chutes.

Alors ils se mirent tous à parler une fois de plus de la saison qui s’ouvrait et des travaux qui allaient devenir possibles. Mai amenait une alternance de pluies chaudes et de beaux jours ensoleillés qui triomphait peu à peu du gel accumulé du long hiver. Les souches basses et les racines émergeaient, bien que l’ombre des sapins et des cyprès serrés protégeât la longue agonie des plaques de neige ; les chemins se transformaient en fondrières ; là où la mousse brune se montrait, elle était toute gonflée d’eau et pareille à une éponge. En d’autres pays c’était le renouveau, le travail ardent de la sève, la poussée des bourgeons et bientôt des feuilles ; mais le sol canadien, si loin vers le