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Page:Hérault - De la liberté de la boulangerie pour la fabrication et la vente du pain limitée aux règles du droit commun.djvu/7

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qui lui sont prescrites par l’arrêté municipal, le boulanger doit employer en moyenne, — si la fabrication du pain et la qualité de la matière employée sont bonnes, — 5 % du poids total de son pain pour remplacer l’eau évaporée, soit dans le pain le plus cuit, soit dans le pain rassis. Mais, afin de ne pas perdre son bénéfice qui doit être de 5 % sur le prix total de la vente, il faut qu’il élève le prix général de son pain de 5 %. Ceux qui prennent du pain plus cuit ou du pain rassis en profitent au détriment des autres.

D’un autre côté, l’arrêté municipal, en ordonnant la vente au poids, ne distingue pas entre la vente au comptant et celle à crédit. Le boulanger est donc forcé de vendre le même prix au comptant qu’à crédit. Alors il faut encore qu’il élève au moins de 5 % le prix général de sa vente pour faire face à la perte d’intérêt et à la perte par le crédit. Et cela au détriment du consommateur qui paye comptant. Si le boulanger avait la liberté que je demande, il pourrait exonérer de cette différence l’acheteur au comptant, et l’imposer à l’acheteur à crédit ou même lui faire des conditions plus élevées, suivant les risques qu’il aurait à courir ; et c’est là l’équité et la vraie justice.

On voit donc qu’il y a des consommateurs qui paient leur pain les uns trop cher, et les autres trop bon marché. Il importe beaucoup que le boulanger ait la faculté de vendre son pain d’une façon équitable à tout le monde, ce qui est impossible avec l’arrêté municipal.

L’arrêté municipal prend le poids pour règle de la valeur du pain ; de là l’obligation qu’il impose au boulanger de vendre au poids.

Il est à remarquer que si le règlement exige du boulanger la vente au poids, il lui laisse toute latitude pour la qualité du pain et pour le prix.

Mais la qualité peut varier dans des proportions considérables, si l’on en juge par les différents prix de vente de tels ou tels boulangers, dans les mêmes catégories de pain, lesquels prix actuellement, à Angers, offrent un écart au moins de 12 %.

Il s’ensuit que le boulanger pourrait vendre, avec le même poids, le même pain 12 % moins cher ou 12 % plus cher à sa volonté.