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incapable de vous donner une théorie complète, je vous ai donné l’ébauche de quatre ; ébauche qu’il me serait facile d’étendre et de parfaire. Mais je n’admets pas une seule de ces théories dans son ensemble.

— Vous êtes donc éclectique ?

— Que les Dieux m’en gardent : j’ai autant de répugnance pour l’éclectisme que pour le nombre trois et l’androgynie.

Je n’admets pas la théorie de l’identité des sexes, parce que je crois avec la Biologie qu’une différence organique essentielle modifie l’être tout entier ; qu’ainsi la femme doit différer de l’homme.

Je n’admets pas la théorie de la supériorité d’un sexe ni de l’autre, parce qu’elle est absurde : l’humanité est homme-femme ou femme-homme ; on ne sait ce que serait un sexe, s’il n’était pas incessamment modifié par ses rapports avec l’autre, et nous ne les connaissons qu’ainsi modifiés : ce qu’il y a de certain, c’est qu’ils sont ensemble la condition d’être de l’humanité ; qu’ils sont également nécessaires, également utiles l’un à l’autre et à la société.

Je n’admets pas ma troisième théorie parce qu’elle est d’un nominalisme outré ; s’il est bien vrai que tous les individus des deux sexes diffèrent de l’un à l’autre d’une manière bien autrement notable que ceux des autres espèces, il n’en est pas moins vrai qu’une classification, fondée sur un caractère anatomique constant, est légitime, et que le principe de classification est dans la nature des choses ; car si les choses nous apparaissent classées, c’est qu’elles le sont : les lois de l’esprit sont les mêmes que celles de la nature en ce qui touche la connaissance : il faut