Page:Héricourt - La Femme affranchie.djvu/124

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la rendra pas semblable à vous, ne le craignez pas : la rose et l’œillet croissant dans le même sol, sous le même ciel, sous le même soleil, avec les soins du même jardinier, restent rose et œillet : ils sont d’autant plus beaux que les éléments qu’ils transforment sont plus abondants, et qu’ils sont mieux cultivés : si l’homme et la femme diffèrent, l’éducation semblable ne fera que les différencier davantage, parce que chacun d’eux s’en servira pour développer ce qui lui est particulier.

Dans l’intérêt de toutes choses et de tous, il faut que la femme entre dans tous les emplois ; ait sa fonction dans toutes les fonctions : après l’intérêt général de l’humanité, vient celui de la famille : il ne peut passer avant.

Puisque la femme, à l’heure qu’il est, est, en général, mère et ménagère tout en remplissant une foule d’autres fonctions, elle ne le sera pas moins en se chargeant de quelques-unes de plus ; et d’ailleurs l’époque où l’on entre dans certaines fonctions importantes est celle où la femme a terminé sa tâche maternelle. Quelques femmes fonctionnaires publics n’empêcheront pas l’immense majorité de leurs compagnes de rester dans la vie privée, pas plus que quelques hommes dans le même cas, n’empêchent la masse des hommes d’y demeurer en général.


VI


Vous admettez enfin une classification, me dites vous. Messieurs ; et vous convenez, de plus, qu’il y a des fonctions masculines et des fonctions féminines.

— Vous vous méprenez, Messieurs : vous m’accusiez d’être