Page:Héricourt - La Femme affranchie.djvu/137

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Le jeune homme, exercé dès l’enfance à soumettre ses penchants à la Raison et à la Justice, répondra :

— Non, ma mère, je ne ferai pas ce que je ne voudrais pas qu’eût fait ma compagne ; je ne veux ni me dégrader moralement, ni perdre ma santé, ni contribuer pour ma part à perpétuer un état de choses qui dégrade le sexe auquel appartiennent ma femme, ma mère, ma sœur et mes filles, si j’ai le bonheur d’en avoir.

Je t’avoue très sincèrement que je prévois en moi une lutte violente ; mais grâce à la gymnastique morale à laquelle tu m’as habitué, grâce à l’idéal de destinée que tu m’as donné, que j’ai accepté dans la plénitude de ma Raison et qui me trace mon Devoir, je ne désespère pas de me vaincre.

— Cette victoire te sera moins difficile à obtenir, si tu t’occupes utilement et sérieusement : car alors tu appelleras la vitalité dans les régions supérieures du cerveau. Tu feras sagement d’ajouter à cela beaucoup d’exercice physique ; de t’abstenir d’une nourriture trop substantielle, et surtout de boissons excitantes : tu connais les réactions du physique sur le moral. Évite avec soin les lectures licencieuses, les conversations déplacées ; donne place dans ton esprit à la vierge qui doit s’unir à toi : pense et agis comme si tu étais en sa présence, cela te gardera et te purifiera. Ce doux idéal te rendra fort contre la tentation, et contribuera beaucoup à te rendre froid auprès des femmes à qui tu ne dois donner aucune place dans ton cœur. L’amour, mon enfant, est une chose fort grave par ses conséquences ; car les êtres qu’il unit se modifient l’un par l’autre : il laisse des traces, quelque peu de durée qu’il ait eue.