Page:Héricourt - La Femme affranchie.djvu/178

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délité : vous savez que de désordres naissent des unions disproportionnées sous le rapport de l’âge.

Il faut, dit-on, que l’homme ait vécu ; c’est l’opinion des gens qui permettent à leurs fils de jeter la gourme du cœur ; qui croient que l’homme peut se vautrer dans la fange des mauvais lieux et qu’il y a deux morales. Or, Madame, nous ne sommes pas de ces gens-là. Vous ne donnerez pas à votre fille un homme qui ait vécu, parce qu’il serait blasé, la pervertirait ou l’exposerait, par la désillusion, à chercher dans un autre ce que ne lui donne pas son mari.

Ce que nous avons dit pour votre fille, nous le dirons pour votre fils : il ne faut pas qu’il épouse une femme plus jeune que lui ; car vous ne devez pas plus vouloir une situation désavantageuse pour votre belle-fille que pour votre fille : toutes deux vous sont chères et respectables devant la solidarité du sexe.

La jeune femme. J’élèverai mon fils, Madame, de manière à ce qu’il comprenne que la formule du mariage prescrite par le Code n’est qu’un reste de barbarie ; que sa femme ne doit obéissance qu’au Devoir ; qu’elle est un être libre, son égale ; qu’il n’a de droits sur sa personne que ceux qu’elle-même lui accorde. Je lui dirai que l’amour est une plante délicate qu’on doit cultiver pour qu’elle ne meure pas ; que le sans-gène et la malpropreté la flétrissent ; qu’il doit donc soigner sa personne, étant marié, comme il le faisait pour être agréable aux yeux de sa fiancée. Je lui dirai : ne demande rien qu’à l’amour de ta femme ; rappelle-toi que plus d’un mari a excité la répulsion par la brutalité d’une première nuit de noces. Le mariage, mon fils, est une chose grave et sainte : la pureté en est le plus bel