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Page:Héricourt - La Femme affranchie.djvu/236

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et intellectuelles. Et, comme vous voulez qu’elles sachent que chacun est tenu de subir les conséquences de ses propres actes, et n’a le droit de compter que sur soi pour réparer ses fautes et sa maladresse ; que, devant la Justice, personne ne nous doit rien pour rien ; que c’est un acte de pure bonté que de rendre un service sans compensation, habituez-les de bonne heure à se suffire selon leurs forces, à nettoyer elles-mêmes les taches qu’elles se font, à raccommoder leur linge puis, peu à peu, à faire leur lit, à nettoyer leur chambre, leurs vêtements, leurs chaussures, à aider par escouades aux travaux de la cuisine, de la buanderie, etc.

Déclarez aux mères qui vous confient l’éducation de leurs filles, que vous les élevez de manière à ce qu’elles ne servent aucun homme : que, de retour dans leur famille, elles ne rendront à leurs frères aucun service sans équivalent, parce qu’elles se considéreront comme leurs égales.

Les enfants sont exigeants, despotes, parce qu’ils ne comprennent pas la Justice. Vous devez donc vous attendre à voir les plus jeunes de vos filles exiger des grandes et des domestiques les services qu’elles ne peuvent se rendre, et se montrer insolentes et colères lorsqu’on refusera. Ne vous épuisez pas à faire de la morale : demandez-leur tranquillement ce qu’elles donnent en échange des services qu’elles demandent. Rien, seront-elles forcées de vous répondre.

Eh ! bien, leur direz-vous, vous n’avez donc rien à exiger. Vous êtes faibles, bien à plaindre de ne pouvoir vous suffire, d’avoir besoin des gens qui n’ont nul besoin de vous : tout ce que l’on fait pour vous est donc pure bonté ; or, mes chères