Page:Héricourt - La Femme affranchie.djvu/253

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Permettez-moi, Madame, d’insister ici sur l’ordre et la succession des études, autant que sur la méthode d’enseignement.

L’histoire, la littérature doivent n’être un objet spécial d’étude qu’assez tard ; il faut que la Raison et le goût soient développés avant d’y songer ; j’en dis autant de la Philosophie théorique. Mais toute l’éducation doit être une philosophie pratique : l’élève doit être philosophe sans le savoir, comme elle est moraliste sans le savoir : et ses grandes études historiques doivent être jalonnées sans qu’elle s’en doute.

Soyez assez bonne, Madame, pour me suivre avec attention dans les indications sommaires que je vais vous donner, afin d’éclaircir ma pensée.

Votre élève doit savoir sa langue : il faut donc qu’elle apprenne la grammaire, la syntaxe, l’orthographe. Au lieu de commencer, avec elle, par la grammaire particulière, ainsi que le fait tout le monde, commencez par la grammaire générale ou philosophique et l’analyse logique ; dites à l’élève : tout mot qui représente une personne ou une chose est un nom ; tout mot qui représente une qualité est un adjectif ; tout mot qui représente l’existence simultanée d’un nom et d’une qualité est un verbe ; tout mot qui marque les rapports de situation, direction, cause, etc., est une préposition, le sujet est l’objet de la qualité ; le régime est ce qui est sous la dépendance de la qualité. Montrez de nombreux exemples de ces mots ; faites soigneusement distinguer une proposition principale d’une incidente, une proposition directe d’une inverse ; faites mettre chaque mot à sa place logique, retrouver le verbe être dans toutes les combinaisons.