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de la pitié pour celles qui, au lieu de s’en honorer par un sentiment naturel de solidarité, refusent de la reconnaître.

Femmes françaises, plus particulièrement mes sœurs, à vous mes dernières paroles.

Le génie de la Gaule, mis dans les fers par l’épée de Rome et la foi de l’Asie, s’est réveillé en 1789. Pourquoi, filles de la Gaule, laissez-vous pâlir le divin flambeau de la Résurrection ?

Parmi nos peuplades héroïques qui ne croyaient pas à la mort et adoraient la gloire et la liberté, vous étiez prêtresses ;

Vous occupiez le sommet de la hiérarchie religieuse ;

Vous étiez profondément respectées ;

Votre pureté était protégée par la loi ;

Fières, courageuses, chastes, bonnes éducatrices, vous-mêmes éleviez les hommes qui faisaient trembler Rome et la Grèce ;

Réunies en conseil, vous terminiez les différends qui s’élevaient entre les peuples ;

Et notre vieille Gaule ne s’est pas réveillée tout entière ; elle vous a laissées dans l’ombre parce que, pendant son long sommeil, vous les saintes, les prêtresses, avez été dépouillées de votre auréole ; vos fils corrompus et dégénérés vous ont déclarées impures ; vous ont fait descendre au rôle d’intermédiaires entre l’homme et l’animal ; vous ont traitées de nids d’esprits immondes ; vous ont ôté tout respect, toute personnalité dans le mariage ; dépouillées de toute influence sur les affaires du pays ; la Gaule s’est relevée de sa tombe en gardant des lambeaux du suaire dans lequel l’avaient enveloppée ses oppresseurs ; est-ce pour cela que vous la méconnaissez ?

Femmes françaises, mes sœurs, vous avez à choisir entre le