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Que si, par votre travail, vous contribuez comme l’homme à la production de la richesse nationale ;

Qu’enfin si, par vos intérêts et vos affections, les questions générales vous importent tout autant qu’à l’homme,

Cependant vous n’avez aucun Droit politique : on semble croire que les affaires générales ne vous regardent pas.

La jeune femme. J’ai entendu dire que, dans les choses d’intérêt général, l’homme a une double représentation.

L’auteur. Il représente la femme comme le monarque ses sujets, le maître ses esclaves.

Si l’homme peut représenter sa femme et lui, il ne peut représenter les filles majeures et les veuves ; pourquoi celles-ci ne se représentent-elles pas elles-mêmes comme les hommes non mariés ?

La jeune femme. Souvent l’on a prétendu devant moi que la femme est renfermée dans un cercle d’idées trop étroites, par suite de ses occupations habituelles, pour être capable de fournir un vote intelligent.

L’auteur. N’aviez vous pas à répondre à cela que les ouvriers, renfermés dans les minimes détails de leur métier, ne sauraient s’élever mieux que les femmes à la compréhension des questions générales ?

Que tous les votants ne sont pas des philosophes ?

Que, par la grâce de la barbe, nos paysans, nos mineurs, nos tisseurs, nos casseurs de pierres, nos balayeurs, nos chiffonniers, n’ont pas, à jour fixe, l’intuition des besoins du pays ?

Que les femmes, à l’heure qu’il est, ne s’occupent pas moins ni plus mal de politique que les hommes, qu’elles en discutent