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Pour en finir avec cet examen de la loi, encore une question, Madame. Est-ce que l’apport de la femme n’a pas hypothèque sur les biens du mari ?

L’auteur. Sur quels biens la femme ouvrière reprendra-t-elle son ménage vendu ?

Sur quels biens les femmes de négociants dont la dot a servi à payer le fonds du mari, reprendront-elles cette dot en cas de mauvaises affaires ?

Demandez aux femmes légalement séparées la valeur de cette hypothèque, ou plutôt de cette disposition de la loi : elles vous en diront de belles !

La jeune femme. J’ai connu des femmes de commerçants en faillite : elles se plaignent que la loi les traite plus rigoureusement que les autres.

L’auteur. Le Mariage étant donné ce qu’il est, le législateur a parfaitement fait d’empêcher qu’il ne se transformât en une ligue contre l’intérêt de tous.

La jeune femme. Jusqu’à ce que la loi qui régit le contrat de mariage soit réformée, sous lequel de ces deux régimes : le dotal ou celui de la séparation de biens, conseillez-vous aux femmes de se marier ?

L’auteur. Si les conjoints ne sont pas dans les affaires et que la femme apporte des biens-fonds considérables, le mieux peut-être serait qu’elle se mariât sous le régime dotal avec autorisation de recevoir une forte somme annuelle ; si les parents lui connaissaient de la fermeté, ils pourraient lui constituer en outre des paraphernaux, et stipuler toujours une société d’acquêts.