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Dans tout autre situation, je conseille aux femmes de se marier sous le régime de la séparation de biens. La femme, maîtresse de ses fonds, peut les confier à son mari et s’associer avec lui comme avec tout autre. J’ai connu une jeune femme commerçante qui s’y est prise ainsi : elle s’est constitué son apport en argent comme bien propre, puis, quand elle a été mariée, elle a prêté cette somme à son mari qui s’est engagé à payer tant d’intérêts. Comme elle avait en outre un emploi dans la maison, elle reçut des émoluments proportionnes.

La jeune femme. Mais si la femme est ouvrière ?

L’auteur. Il n’y a pas de différence. C’est presque toujours la femme qui apporte le petit ménage, et elle y tient d’autant. plus qu’il lui a coûté bien des jours et des nuits de labeur ; il est donc très important que le mari ne puisse ni le vendre, ni le donner ; comme il est important qu’il ne puisse la contraindre à lui donner l’argent qu’elle a confié franc à franc à la caisse d’épargne. Il faut donc qu’elle ne se marie pas, comme elle le fait, sans contrat ; car elle serait à la merci de son conjoint, étant réputée mariée sous le régime de la communauté.

Des notaires se permettent de résister ; quand on déclare vouloir se marier sous tout autre régime que celui de la communauté : ils n’en ont pas le droit ; vous pouvez les forcer ; officiers de la loi, ils ne sont pas là pour la critiquer.

Mesdames, riches et pauvres, il est de votre intérêt et de celui de vos enfants de connaître les affaires ; de rester maîtresses de votre avoir ; votre dignité l’exige. Votre devoir est d’instruire vos filles de la situation que leur fait la loi dans le mariage, afin qu’elles évitent leur ruine, et qu’elles travaillent à