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La jeune femme. Comment se fait ce désaveu ?

L’auteur. Le mari ou ses héritiers attaquent la légitimité de l’enfant dans un délai déterminé ; et le tribunal statue d’après les preuves administrées.

La jeune femme. Ainsi l’honneur de la femme et l’avenir de l’enfant sont offerts en holocauste à une question d’héritage ?

L’auteur. Parfaitement. Quant à ce que vous nommez l’honneur de la femme, la loi ne s’en soucie guère, elle qui interdit la recherche de la paternité, excepté dans le cas d’enlèvement de la mère mineure ; elle qui permet la recherche de la maternité, pourvu que l’enfant prouve qu’il est le même que celui dont la femme est accouchée, et qu’il apporte un commencement de preuves par écrit.

La jeune femme. Il me paraît peu probable qu’on puisse constater la maternité au bout de quinze ou vingt ans. D’autre part, si les preuves par écrit suffisent pour la recherche de la maternité, pourquoi ne suffiraient-elles pas à celle de la paternité ?

Dites-moi, est-il permis à l’enfant de rechercher sa mère si elle est mariée ?

L’auteur. Certainement : et cette recherche n’est interdite qu’aux enfants adultérins et incestueux.

La jeune femme. Ainsi donc on peut troubler à tout jamais l’avenir d’une femme par la recherche de la maternité ?

L’auteur. Oui : mais vous ne le déplorerez pas en songeant que l’honneur d’une femme n’est pas de ne pas faire d’enfant, mais bien de les élever et de les guider dans la vie. Les enfants nés hors mariage ont une situation légale très malheureuse ; le