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Page:Hériot - Une âme à la mer, 1929.pdf/122

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une âme à la mer

Ce que vous avez fait ne m’intéresse pas ; je ne vous pose pas une question. Laissez-moi partir vite, prendre mon envol.

Je suis lourde de pensées, de reflets, de souvenirs. Que viens-je faire ici parmi vous, mes amies, je n’ai plus rien à me mettre et plus rien à vous dire.



C’est la tourmente. La pluie tombe pressée, elle rebondit sur la mer comme sur un miroir. Le bruit est insensé de l’eau sur l’eau.

Tout est gris, vert pâle.

La brise se lève poussée par l’orage, la mer se ride, se plisse de petites vagues vertes qui ne peuvent se former, se mouvoir sous la pression de la tourmente qui s’abat.

Les rides très vertes courent avec le vent vers l’horizon rétréci par la pluie.

La mer ressemble au désert lorsque le vent s’amuse à dessiner des vagues sur le sable fin.

Le grand voilier avance prodigieusement, doucement, dans le silence profond.

Il est tout épanoui, fleuri comme un buisson d’églantines. Il n’y a plus de place pour d’autres pétales !