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Page:Hériot - Une âme à la mer, 1929.pdf/130

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une âme à la mer

travers de la lame, nous avons empanné puis la houle nous a repris et nous a fait revirer à nouveau, sans vie, morts sur l’eau. C’est le calme plat, il est dix heures et demie, on devrait avoir la petite brise de terre qui se fait toujours sentir la nuit. Mais rien ne vient.

Une houle d’est voudrait venir, mais le temps orageux de la journée retient tous les souffles. Il fait une admirable nuit d’été ; par moments, le silence est absolu, puis vient une lame de fond, alors toutes les voiles battent à la fois, le gréement fatigue et tout désespérément se balance inutilement en un bruit effrayant.

La bordée de quart est là aux manœuvres, mais la barre n’obéit plus.

Cependant il faut rester au milieu du chenal et ne pas dériver, et se laisser affaler à la côte. La vedette par cette mer maniable et cette visibilité pourrait nous déhaler.

La mer toute sombre est phosphorescente et scintille comme le ciel ruisselant d’étoiles, tout est lumineux ; on se croirait sur un beau lac, cerné par la terre et par ses feux.

Port-Cros s’étend là toute sombre. Malgré moi, mes yeux se posent sur elle et je m’imagine la douceur de cette nuit au milieu de ses bois et de ses rochers.

Elle semble en nous envoyant sa beauté et ses par-