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goélette ailée

unis. Je suis plus seule dans ce silence profond et davantage lointain.

J’aime le chant d’Ailée qui doucement en chuchotant va, fendant les vagues. La brise dans le gréement, les poulies qui grincent, le vent qui joue en travers de toute résistance posée à son souffle !

L’accompagnement est magnifique ! Étant moins humain, il est plus près du rêve, il vous emporte au cœur du pays que vous cherchiez, où règnent les algues vertes, les vents légers, au milieu des ondes berceuses.

Pays d’où l’on ne revient jamais complètement !

Endroit imaginé où l’âme se retrouve ne désirant plus rien, et le temps n’existe plus !

Ô les voiles, les poulies, les cordages, tout ce qui roule, tangue et se balance sous le chant berceur et que la brise secoue, fait frémir, souvent casse et envoie, dans les embruns, vers le ciel !

Ce chant donne l’ivresse à ceux qui savent l’écouter.

Ainsi est bercé le cœur des mariniers.



Ô la monotonie sans nom, sans vie, d’être accalminée sous un ciel gris et une mer de plomb.