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Page:Hériot - Une âme à la mer, 1929.pdf/149

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goélette ailée

Une année s’en va…

À l’abri des grands chênes-lièges la brise joue dans les branches et la pluie vernit les petites feuilles.

À travers l’ondée grise le soleil apparaît déjà.

Ô Italie, en automne, douceur alanguie, été sans fin, encore des fleurs, des parfums avec un grand soleil plus doux moins chaud mais qui embellit les montagnes dans les buées et la mer unie dans la brume.

Ô douceur désuète, atmosphère calmée, matinée tendre où s’égrènent les heures et les cloches de tous les couvents et des églises ; elles aussi sont moins brillantes et moins gaies ! un peu engourdies, comme recueillies, elles tintent doucement pour leur quartier.

Dans le parc rempli de pluie et de soleil règne la douceur ; les feuilles sont dans les allées et les mousses sur les arbres ; dans cette attendrissante heure d’automne je respire la fin de l’année avec l’odeur âcre des feuilles et des herbes mortes.

Un doigt sur la bouche une femme frileuse glisse ; sur son passage les feuilles tourbillonnent en cortège discret car elles l’ont reconnue.

Comme elle s’éloignait, j’ai pu apercevoir son sourire de déception ; ses cheveux étaient argentés et elle portait une robe toute fanée.

Mon âme endolorie reste bercée par le tintement des cloches et la monotonie de la chanson des feuilles mortes à l’heure où glisse l’ancienne année.