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Page:Hériot - Une âme à la mer, 1929.pdf/161

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le bateau de mon enfance

Comme je suis seule ! je regarde tout autour de moi ; le bateau de mon enfance ne me tient plus compagnie. Non, il est parti sans moi pour l’horizon…

À mes souvenirs d’enfance viennent s’ajouter d’autres impressions.

Serais-je trop faible pour porter toutes mes pensées ? Je chancelle…

Et toi, cher bateau, vis pour moi, vis pour toi, ne t’alourdis pas, ne sombre pas, mon rêve et mon regret ont seuls embarqué à ton bord.

Mon chagrin, « Ailée » et moi le partageons.

Tu navigues, serein, dans la nuit ; en connaissant tes mouvements et tes rumeurs, je me perds en toi, personne ne te connaît mieux, pas même celui qui commande, ton capitaine !

Je suis allée plus avant que lui, je connais ton âme, et tu as aimé mon cœur d’enfant.

Après quelques jours de solitude, comme pour mieux faire comprendre l’approche du bonheur, mon beau voilier appareilla pour le port où le bateau de mon enfance était ancré.

Mon visage, dépouillé du sourire, commença avec le jour à s’illuminer.

Lorsque les voiles furent amenées, et aboli le silence aimé fait de rafales et de grincements de poulies, et