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Page:Hériot - Une âme à la mer, 1929.pdf/176

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une âme à la mer

J’ai dans les yeux, en les fermant, des nuits de tropique où les étoiles larges et lumineuses se reflètent sur une mer bleu de nuit.

Je connais leurs vacillements sur cette mer morte d’être sans souffle, avec cette chaleur pesante qui s’agrippe à vos tempes et à vos épaules. Et cependant je n’en ai jamais vus.

J’ai dû assister à des combats clairs et loyaux car j’aime la lutte, et voir les plus brave sortir vainqueurs de la mêlée.

J’ai dû voir aussi des pirates en révolte, égorgeant à tort ceux qui passaient, car le sang et les couteaux ne me font pas peur, et le danger m’a toujours attirée, et je vais à lui toujours.

Ma place en toute circonstance je la garderai pour mon honneur, mon amour, et ma foi.

Oui, j’ai dû errer pieds nus, enfant, sur les sables roux, de ces Îles lourdes de palmes et de cocotiers.

J’aime trop le son de tous les bruissements de l’eau sur les roches, mais j’ai dû apprendre à aimer ces choses bercée par le rythme de la respiration de cette grande mer qui va jusqu’au bout du monde, mais qui venait doucement calme, se briser sur les bancs de coraux roses et jusqu’aux pieds noirs de la négresse qui me tenait dans ses bras.

J’ai dû briquer le pont, j’ai dû fourbir quelques