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Page:Hériot - Une âme à la mer, 1929.pdf/180

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une âme à la mer

L’envoûtement de leur métier.

À regarder la mer avec ses houles et ses vague, à scruter l’horizon, à observer les rivages et le ciel, comment voulez-vous que ces yeux ne s’imprègnent pas de reflets, que ce regard ne se charge pas de rêves et ne devienne pas lointain ?

Un homme qui, la journée entière, sera assis dans son bureau à travailler, à compulser des dossiers, à lire et à écrire, ne levant la tête que pour regarder le cadran d’une horloge qui lui dictera, heure par heure, la somme à fournir : difficultés sans nombre, conversations importantes, vie d’enfer, qui durera toute l’année — comment voulez-vous que ces yeux-là ressemblent aux autres ?

Ils sont habitués à scruter seulement d’autres yeux, ils ne vivent que la misère et la débauche rapprochées des villes.

Ils ne regardent que la terre et vers la terre.

Les yeux sont bien les miroirs des âmes !

C’est pourquoi les regards des marins reflètent leur empire mouvant.




Je chanterai — je chanterai — je chanterai.

Sous l’influence rêveuse de ce que vois je chante-