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Page:Hériot - Une âme à la mer, 1929.pdf/189

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le bateau de mon enfance

Je suis heureuse, mon amie, de t’entendre me parler de ton bonheur.

Je n’osais prononcer le mot, mais il est exact.

Car vois-tu il n’y a pas seulement pour moi la mer, mais il existe aussi tous les bateaux !

La mer serait vide parfois, mais elle est sillonnée par tous ces êtres chers qui luttent, qui vont au bout du monde et sous tous les cieux.

Mon amie, toi qui n’habites que la terre, te vois-tu dans cette belle nature, si tu te promenais seule, sans avoir autour de toi des amis ?

Non, je ne vois pas cela ?

Alors, comprends la richesse d’aimer tous les bateaux ! ceux que je croise, ceux qui me dépassent, ceux que je laisse à l’horizon, loin. Les neufs et les très vieux, les beaux et les très beaux et les laids, les mauvais et les bons, les inconnus et les amis. Ceux que je retrouve à la mer, en rade ou dans les ports, ceux qui appareillent, ceux qui demeurent, ceux qui sont malades et ceux qui vont très bien, enfin toutes les marines qui illuminent et sillonnent la mer admirable !

Je suis dans la désolation, certains jours, en apprenant la vente ou l’achat de tel ou tel bateau, car celui qui en devient propriétaire n’est pas toujours di-