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une âme à la mer

Je n’aime la terre — comme je comprends la vie que de loin.



Le temps s’écoule à bord si doucement et tout diminue et tout s’estompe et tout s’éloigne.

Le temps passe et l’on ne sait plus exactement et les noms et les dates.

On n’est plus là-bas, on est parti !

On n’est pas encore arrivé.

On navigue entre les deux tentes bleues, et jamais pareilles, du ciel et de la mer.

Vous êtes distant du passé, en attente de l’avenir !

L’indifférence, merveilleusement nonchalante, s’est embarquée à votre bord.

Le temps passe, et l’on va toujours un peu plus loin, et plus on avance dans l’avenir, plus le désir étrange vous pousse à l’horizon, là-bas, plus loin encore !

On vient d’où les montagnes disparaissent, mais vos yeux, avidement cherchent celles qu’ils commencent d’apercevoir…