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une âme à la mer

Et les autres, ceux qui ne savent pas pleurer, comme attirés, regarderont toujours ceux remplis de larmes. Car, au fond des yeux qui pleurent vogue une âme errante.


« SALVATOR »


Un jour, à Villefranche, que Salvator était mouillé au milieu de l’escadre, je rentrais de Nice sur l’Aile I, après une dure régate ; en passant près du navire amiral, tous rangés, mes marins et moi, nous le saluâmes en allant prendre notre mouillage.

Or, ce soir-là, l’Amiral vint dîner à bord du Salavator.

— « Madame, me dit-il, j’ai ouï-dire que vous étiez un marin, cependant je ne vous ai pas vu à bord de votre petit bateau, qui, si aimablement, m’a salué ce tantôt ?

— Amiral, j’étais à mon bord ; mais si semblable à mes marins, que vous m’avez prise pour l’un d’eux, ce dont je vous remercie infiniment. »

Après cette réponse, je suis certaine que l’Amiral, dans sa pensée, emporta le souvenir d’un marin de plus.