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une âme à la mer

Sous ton ciel nuageux, et tes ondes glauques, je renais.

Ton empire est total ; envoûtée chaque année, je me réfugie dans ta beauté que j’accepte comme consolation, comme récompense. Tu es persuasive, ton chant divin est enchanté.

Comme une apparition, tu te dérobes, et c’est les pieds meurtris par les genêts, les mains blessées aux roches, à la bouche le goût amer de tes goémons verts, que, dans une course folle, je m’aventure pour t’apercevoir.

En te retrouvant, je m’aperçois que tu es encore plus lointaine.

Oh ! Bretagne, je te regarderai aussi longtemps que mes yeux pourront voir.

C’est l’âme angoissée de ne pouvoir te conquérir, que je m’arrête le cœur battant, dans la crainte, dans le doute, je n’ose aller plus avant.

Bretagne, je viens à toi le cœur triste, et parce que j’ai souffert, ma tête se penche sur ta rude épaule.

Accepte l’offrande.

Ton étreinte mouvante m’enlace, et je reste car je suis bercée !