La Bretagne s’étend là-bas, pas loin de nous !
Farouche et simple, elle demeure inchangée, sur les rochers où elle se dérobe et se termine, laissant le monde se transformer tout autour d’elle. Sachant garder son caractère avec fierté, tournant le dos à la civilisation, d’elle, on peut dire qu’elle ne changera jamais.
La mer est trop autour d’elle ; elle l’enserre. Son enlacement mouvant, son étreinte humide la gardent avec jalousie.
Ses rivières s’écoulent et chantent en elle comme des veines. Ses rochers, sauvages, hérissés et âpres, seront toujours un mur comme un reproche pour l’étranger.
Ceux qui ne la comprendront pas, tant mieux. Comme la mer, on l’aime sans raisonnement. Comme une fatalité, sa beauté pèse sur votre imagination. On s’y attache ; elle vous appartient un peu. Sa solitude d’accalmie vous fait dire parfois : « Dans cette baie désolée, aux ajoncs dorés, où les bruyères et les chèvrefeuilles emmêlés font des haies de parfums ; dans ce chemin creux, près du calvaire, je vous emmènerai un soir… Vous verrez la mer au loin qui s’étend en rêvant, vous verrez les barques de pêche revenir au port comme un vol d’oiseaux apeurés ; avec le soir, les bords desséchés de la rivière se décoloreront en des teintes de laques anciennes. »
Puis, vous direz sans penser : « ma baie, mon che-