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une âme à la mer

min, mon calvaire. » Car vous croirez, en revenant, vous retrouver chez vous, tant vous y aurez laissé de vous-même.

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Chère Bretagne ! À vous, je peux aller, le cœur triste ; en me promenant dans vos landes navrées, je puis vous offrir ma peine. Vous la comprenez ; n’êtes-vous pas la terre de ceux qui croient encore ?

Dans vos champs fleuris, où passe la brise de mer, mon âme s’effeuille doucement jusqu’à mon cœur, comme ces pétales qui s’éparpillent. Ces lieux calmes apportent en mon être troublé une résignation inconnue.

La vie est là, tout autour de moi, si simple, si paisible ! Une fumée bleue monte d’un chaume enfoui sous la verdure. Tout devient d’un attendrissement enfantin. Il paraît si facile de vivre, d’aimer, de mourir sans trop y penser ; le ruisseau emporte dans son bruissement mon espérance morte, aussi fatalement, aussi légèrement qu’une fleur de rose des prés.

En levant la tête, je vois le soleil qui enflamme un champ de genêts en fleurs. En fermant les yeux, il me reste des points d’or sous les paupières !