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goélette ailée

navigue et le règne de bonté se continue ; la simplicité, la compréhension se tiennent par la main, et chacun est heureux jusqu’au moment où, en débarquant, il retrouvera sa vie.

Ô la douceur de glisser sous les étoiles ! Grand largue mon voilier bien appuyé fait 10 nœuds. Il vente frais, il fait froid et la nuit est noire. La mer frappe la coque ; toute secouée elle s’agite en racontant des tas de choses.

Mon vaisseau se soulève docile, souple, tranquille et sûr ; je le sens vivre sous mes pieds.

Les scintillantes étoiles palpitent, ruissellent à travers la mâture. Dans la brise âpre je les regarde ainsi que les grands mâts qui se balancent et qui semblent épousseter le ciel !

Oh ! pouvoir décrire les manœuvres sur un voilier, raconter les hommes courant aux bastagues. Tous en ciré et en bottes sur un pont glissant balayé par la mer et sous pluie battante. Ils sont quinze, mais sont un, car ils tirent tous sur la même écoute avec mêmes gestes au cri de En sem ble ! En sem ble !

Le vent emporte les mots, le Maître hurle. Pour empanner par cette mer, ce n’est pas une petite affaire ;