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une âme à la mer

dans un grand fracas nous avons changé d’amure, pendant quelques secondes « Ailée » vient debout au vent ; sans appui elle se déséquilibre puis en grand, elle laisse arriver, toute gitée avec ses voiles bien pleines, mais en loffant elle se redresse, reprenant sa route avec son près.

Quel regret de n’être pas un peintre, un écrivain ou un musicien ! Avec ce que voient mes yeux, avec ce que mon esprit absorbe des choses de la mer et ce que contient mon cœur d’amour pour la navigation, que n’aurais-je fait !

Quelles toiles splendides j’aurais dessinées de la mer, du vaisseau, de l’équipage en action. Quels sonnets magnifiques j’aurais composé en décrivant la splendeur de la navigation nocturne. Quels chants j’aurais imaginés pour ressembler à cette rumeur, à ces soupirs de sirènes qui nous viennent du gréement. Oh ! que d’épouvante j’aurais transmise dans la tempête hurlante qui déferle sur les cailloux monstrueux entraînant un voilier désemparé, qui dans la nuit va s’écraser.


« AILÉE » ET « ARABE »


Ailée vient de donner sa position à l’Arabe. Il se rapproche de nous invisible.