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une âme à la mer

tout haut filant cinq petits nœuds au près par très petite brise. Longtemps Arabe nous pâlit de ses lumineux rayons, il nous dépasse à quelques longueurs.

Le Commandant me demande au porte-voix : « Avez-vous besoin de quelque chose ? » Je réponds : « Merci, tout bien ici ».

Le grand projecteur s’éteint, tout rentre dans la nuit noire, le silence nous enveloppe.

Arabe, Ailée, ont pris chacun leur route différente sur la même mer.

Après ces rayons lumineux, la nuit est encore plus impénétrable et nous sommes davantage solitaires.

Ainsi se croisent les navires dans la nuit, pareillement les êtres s’appellent sous l’éclatant soleil sur les chemins de la vie, aussi distants que les vaisseaux sur la mer.

Ailée est un grand songe qui navigue, si précieux que l’on ne peut détacher ses regards de sa coque bleu sombre, ni de ses voiles claires, de crainte de faire évanouir la vision.